Avec un potentiel de 5 000 milliards de dollars d'ici 2030, le marché du métavers aiguise l'appétit des entreprises technologiques et des gouvernements du monde entier. Face à ce que certains observateurs présentent comme "l'avenir de l'internet", la France ne veut pas passer à côté.
Dans ce contexte, Bercy et le ministère de la Culture avaient souhaité mener une mission exploratoire sur le développement des métavers en février dernier. Celle-ci a été menée par Camille François, chercheur à l'université de Columbia, Adrien Basdevant, avocat spécialisé dans le droit des nouvelles technologies et membre du Conseil national du numérique, et Rémi Ronfard, chercheur à l'Inria.
Le trio a présenté ses conclusions le 24 octobre dans un rapport remis à Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, et à Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la Transition numérique et aux Télécommunications. Les trois auteurs estiment qu'il ne faut pas réduire le secteur au seul Meta, qui s'est lancé à corps perdu dans le métavers pour améliorer son image et trouver un nouveau moteur de croissance alors qu'il devient de plus en plus difficile d'attirer de nouveaux utilisateurs sur Facebook et Instagram.
Au lieu de se tourner vers les géants américains, le document remis au gouvernement note que la France a un rôle à jouer car elle est "bien positionnée sur les technologies immersives" avec "de nombreux atouts à faire valoir", comme en témoignent les succès de grandes entités comme Ubisoft, Dassault Systèmes, ou Ledger, ainsi que les multiples acquisitions de start-ups innovantes par des groupes américains (Pixyz par Unity, Clay AIR par Qualcomm, Sketchfab par Epic, NextMind par Snapchat...).
Toutefois, le rapport se garde bien de faire une fixation sur l'émergence d'un "Google européen du métavers". Il apparaît stratégique de protéger, de soutenir et d'encourager les leaders sur des composantes technologiques plus modestes mais essentielles à la construction du métavers de demain", écrivent les auteurs de la mission exploratoire. Dans ce contexte, ils préconisent que "la France et les principaux acteurs français du secteur de l'immersion numérique, ainsi que de la recherche sur ces sujets, participent activement aux réflexions sur l'interopérabilité des technologies de l'immersion".
Le rapport souligne également l'importance d'adapter au métavers les nouvelles réglementations européennes, telles que la DSA (Digital Services Act) et la DMA (Digital Markets Act), ainsi que les lois à venir comme la Data Act et l'AI Act. Car si "les différents cadres réglementaires visant le domaine numérique en général et les réseaux sociaux en particulier fournissent des lignes directrices essentielles pour organiser la responsabilité des plateformes, la protection des données personnelles et la gestion des risques sociotechniques", la mission exploratoire estime qu'il est "urgent d'investir dans des considérations plus spécifiques et plus précises, faute de quoi le retard pris dans la réglementation des réseaux sociaux se retrouvera également dans le métavers".
Sur la base de cette analyse, Camille François, Adrien Basdevant et Rémi Ronfard ont formulé dix propositions pour dessiner les contours de la stratégie française visant à soutenir le développement du métavers. Les voici :
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